Blog: Engagement(s) pour la Grèce dans la zone euro

Met dank overgenomen van P. (Pierre) Moscovici i, gepubliceerd op vrijdag 27 februari 2015.

Mardi dernier, les ministres des finances de la zone euro ont donné leur accord pour prolonger le programme grec de quatre mois. Beaucoup ont poussé un ouf de soulagement. D’autres y ont vu la marque d’une austérité qui ne dit pas son nom. Eh bien, il ne s’agissait ni de ceci, ni de cela, mais d’un pas important pour le maintien de la Grèce dans la zone euro ! Ayant été au cœur de ces négociations, je veux expliquer cet accord et la démarche de la Commission au cours des dernières semaines.

Engagement(s) pour la Grèce dans la zone euro

Mardi dernier, les ministres des finances de la zone euro ont donné leur accord pour prolonger le programme grec de quatre mois. Beaucoup ont poussé un ouf de soulagement. D’autres y ont vu la marque d’une austérité qui ne dit pas son nom. Eh bien, il ne s’agissait ni de ceci, ni de cela, mais d’un pas important pour le maintien de la Grèce dans la zone euro !

Après quatre semaines d’une dramaturgie dont l’Europe et la Grèce ont le secret, nous sommes parvenus à un bon accord.

Après quatre semaines d’une dramaturgie dont l’Europe et la Grèce ont le secret, nous sommes parvenus à un bon accord. Un accord qui donne sa chance à la Grèce et qui respecte les engagements de solidarité pris entre Européens. Ayant été au cœur de ces négociations, je veux ici expliquer cet accord et la démarche de la Commission européenne au cours des dernières semaines, au service de l'intérêt général européen.

Le point de départ de ce marathon européen, vous le connaissez. En décembre dernier, les autorités grecques, la Commission européenne, la Banque Centrale européenne et le Fonds Monétaire International tentent de conclure le programme d’assistance financière, avec à la clé la promesse de la fin de la troïka et le retour de la Grèce sur les marchés financiers pour se financer. Bref, la perspective de la fin d’une période très difficile et d’un retour à une pleine souveraineté financière. Face aux difficultés pour conclure ces négociations au prix d’ultimes réformes, le Premier ministre grec d’alors, Antonis Samaras, provoque malgré lui des élections législatives anticipées qu’il espère gagner. Et le 25 janvier dernier, le peuple grec s'est exprimé en faveur d’une majorité nouvelle, qui dans une coalition pour le moins complexe forme un nouveau gouvernement, dirigé par Alexis Tsipras.

La Commission européenne a immédiatement respecté le mandat démocratique du nouveau gouvernement.

La Commission européenne, tout comme l'ensemble des Etats membres et des institutions partenaires, a immédiatement respecté ce choix souverain et le mandat démocratique de ce nouveau gouvernement. Notre position est connue depuis le début : oui, le vote grec a été entendu et compris ; non, ce vote ne pouvait pas faire voler en éclats les accords existants ni faire table rase du cadre européen défini.

Dans ce contexte, des premières rencontres ont rapidement eu lieu avec le nouveau gouvernement grec. Ces contacts ont été constructifs, permettant à chacun de se mieux se connaître, car la nouvelle équipe grecque n’avait pas d’expérience gouvernementale ni de pratique des arcanes européennes. L’enjeu politique était clair : les nouvelles autorités grecques devaient transformer les engagements de campagne du parti Syriza en en programme de gouvernement compatible avec les engagements européens de la Grèce. Un test de crédibilité pour les dirigeants grecs, un test démocratique pour tous les Européens.

Au nom de la Commission et sous l’autorité de Jean-Claude Juncker, je me suis personnellement investi dans de nombreux échanges.

Au nom de la Commission et sous l’autorité de Jean-Claude Juncker, je me suis personnellement investi dans de nombreux échanges. Des échanges bilatéraux d’abord, puis entre les acteurs principaux, pour créer une dynamique de discussion, d’ouverture et de volonté politique pour trouver une solution commune, dans l'intérêt de la Grèce et dans celui de l'Europe.

Dans ce contexte, j'ai cherché lors de chacune de nos rencontres à être un facilitateur, à comprendre les points de vue pour mieux les rapprocher, à identifier une piste d'atterrissage. Lors de mes discussions avec Yanis Varoufakis, Wolfgang Schäuble, Jeroen Dijsselbloem, Mario Draghi, Christine Lagarde, Michel Sapin, ou encore Pier-Carlo Padoan, j'ai pris bonne note de chaque position et de sa légitimité en Europe. En semaine, les soirs et les weekends, le plus souvent en public, parfois en coulisse, j'ai été présent pour faire avancer ce dossier. Chacun doit écouter l'autre : c'est cette démarche qui m'a animé et qui reste ma ligne de conduite. Je crois avoir eu une approche à la fois ferme et constructive, ouverte et déterminée.

Je ne le cache pas, les échanges ont parfois été difficiles, la conciliation des points de vues, initialement fort éloignés n'a pas été simple. Les conditions n’étaient pas les plus favorables à un accord, dans un climat parfois nuageux alimenté, ici et là, de petites phrases ou de fuites inopportunes qui n'ont pas aidé à l'apaisement. Des interrogations et une certaine impatience sur un processus qui dure depuis bientôt cinq ans se sont exprimées. La situation financière et bancaire grecque est restée tout au long de ces dernières semaines un thermomètre de l'évolution de la situation.

Je déplore l'attitude de ceux qui ont - une fois de plus - joué avec le feu en parlant trop facilement de Grexit.

Sur ce point, je déplore l'attitude de ceux qui ont - une fois de plus - joué avec le feu en parlant trop facilement de Grexit : un scénario de sortie de la Grèce de la zone euro que je combats avec force et que je me refuse même à envisager. Il n'y a pour moi jamais eu de plan B : la Grèce fait partie de la zone euro, elle en est un membre indispensable, dans le respect de l'intégrité de l'Union économique et monétaire.

Les doutes politiques sur les positions initiales du parti Syriza et sur les engagements de chacun ont été progressivement levés. Les responsables européens, divisés fin janvier, sont aujourd'hui soudés par plusieurs semaines de discussions. Les institutions - la Commission, la Banque centrale européenne, le Fonds monétaire international - sont également plus unies qu’elles ne l’étaient en décembre dernier. Enfin, la Grèce a pris au sérieux la nécessité de respecter ses engagements européens et les demandes de réformes exprimées par ses partenaires, témoignant de sa volonté de continuer à partager avec l'Europe un destin commun.

Un accord a été trouvé mardi : je m'en réjouis pour la Grèce, pour la zone euro et pour l'Europe dans son ensemble.

Un accord a été trouvé mardi, dans un Eurogroupe conclusif qui ouvre à la voie à l'extension de quatre mois du programme d'aide financière actuel : je m'en réjouis pour la Grèce, pour la zone euro et pour l'Europe dans son ensemble. Le gouvernement grec a en ce sens présenté ce début de semaine une série de propositions de réformes, que nous considérons comme suffisamment complète pour être un point de départ valable en vue d'une conclusion réussie de l'examen du programme. Bien entendu, ces réformes devront être étoffées et transformées en propositions législatives pour examen par le Parlement grec. Cette position est partagée par la BCE et par le FMI, et a été exprimée mardi. Les procédures d'approbations nationales peuvent maintenant se mettre en place. Je souhaite qu'elles soient terminées dans les prochains jours, pour permettre à l'extension de quatre mois du programme de prendre effet au plus vite.

La Commission s'engage à soutenir le pays dans sa dynamique de réformes et de modernisation de son économie.

Il nous reste de nombreux défis à relever. Nous serons présents pour accompagner la Grèce vers une économie plus compétitive, qui crée de la croissance et de l'emploi, avec plus de justice sociale et moins d'inégalités, plus de transparence dans l'administration fiscale, et plus d'effectivité en matière d'Etat de droit. Le gouvernement grec a fait des propositions intéressantes en ce sens, notamment en matière fiscale. La Commission s'engage à soutenir le pays dans sa dynamique de réformes et de modernisation de son économie, notamment à travers des discussions politiques et une assistance technique renforcée.

Je pense ici aussi au peuple grec, qui mérite d'être entendu et soutenu. Comme je l’ai dit en décembre à Athènes, les Grecs ont assez souffert. Les Etats membres et nos concitoyens ont témoigné ces dernières années d'une importante solidarité envers la Grèce. Ils attendent en retour - et c'est légitime - que les engagements européens pris par la Grèce soient respectés. Cette solidarité européenne, elle exige la responsabilité des autorités grecques : la continuité des engagements juridiques et financiers doit être assurée, dans une relation de confiance.

Ma conviction a toujours été qu'un accord était non seulement possible, mais qu'il était aussi et surtout indispensable, dans le respect des engagements de chacun.

La Grèce a besoin du soutien européen, l'Europe a besoin d'une Grèce volontaire, réformatrice et pro-européenne. Nous devons donc mettre à profit les quatre prochains mois pour dessiner un chemin durable pour la Grèce, tant financièrement que politiquement. Après l'accord conclu à l'Eurogroupe, première étape importante pour une Grèce plus forte et plus compétitive qui s'épanouisse au cœur de l'Europe, la Commission entend rester le facilitateur de cette négociation. Je veux demeurer pour ma part - tout au long des prochains contacts dans les semaines à venir - un conciliateur, ouvert au dialogue, travaillant à des compromis progressistes. Ma conviction a toujours été qu'un accord était non seulement possible, mais qu'il était aussi et surtout indispensable, dans le respect des engagements de chacun. Cette conviction n'en est aujourd'hui que renforcée, et je suis déterminé à continuer à avancer pour l'unité de la zone euro, en gardien de l'intérêt général européen.